Dans le nord de la Drôme, au cœur de la région emblématique de la Drôme des Collines, se niche une exploitation familiale qui incarne la passion et le savoir-faire autour de la truffe depuis quatre générations.
Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Karine, co-gérante de l’exploitation du Diamant noir de la Drôme des Collines, pour comprendre leur métier, leurs défis, et leur passion.
Histoire et présentation de l’exploitation
Notre exploitation est située à Romans-sur-Isère dans la Drôme des Collines, une région localisée au nord de la Drôme, qui commence autour de Romans-sur-Isère et s’étend jusqu’aux frontières du Rhône et de l’Isère.
Cette région compte environ 1 500 hectares de truffières plantées et fait partie des trois grandes zones de production de la Drôme :
- Le Tricastin, au sud de Montélimar,
- Le Val de Drôme, englobant les contreforts du Vercors jusqu’au Diois,
- Et enfin, la Drôme des Collines.
La Drôme est le premier département producteur de truffes en France.
Le Périgord et le sud Est de la France, représente la 1ère zone avec environ 18% de production nationale.
Avec le réchauffement climatique, il est probable que le nord de la Drôme devienne, d’ici 5 à 6 ans, la principale zone de production de truffes en France.
- Depuis combien de temps travaillez-vous dans la production de truffes ?
L’exploitation est familiale depuis quatre générations. Nos enfants vont rejoindre également cette belle aventure, ce qui promet une cinquième génération de passionnés.
Depuis 1870, la truffe a toujours fait partie de notre histoire. Autrefois, elle était récoltée à l’état sauvage, sans plantation spécifique.
Aujourd’hui, nous avons 15 hectares de truffières, soit environ 6 000 arbres truffiers.
- Quelles variétés de truffes cultivez-vous ?
Nous cultivons principalement :
- La Tuber melanosporum, truffe d’hiver, appelée « truffe noire du Périgord », reconnue mondialement.
- La Tuber brumale, une truffe d’hiver aussi, qui ne se consomme que cuite.
- La Tuber aestivum, ou truffe d’été.
Certaines variétés, comme la véritable truffe blanche d’Alba (Tuber magnatum pico) ou la truffe d’Automne (Tuber Uncinatum), ne peuvent être produites chez nous faute de sols adaptés. Avec ces différentes variétés, il est possible de proposer de la truffe fraîche quasiment toute l’année.
Culture et techniques
- Pouvez-vous nous expliquer le processus de culture des truffes ?
La culture de la truffe repose avant tout sur un sol adéquat, avec un pH de 8 et riche en calcaire actif. Nous plantons des arbres mycorhizés, c’est-à-dire dont les racines ont été inoculées avec des spores de truffe.
La première récolte peut avoir lieu après une dizaine d’années, sous réserve que les conditions soient réunies. Nous entretenons les arbres dès leur plantation dans l’attente de la première récolte et nous n’arrêtons pas jusqu’au moment où nous arrachons la truffière.
Pour entretenir les arbres, nous procédons à une légère taille chaque année. Nous intervenons également sur les racines, car la truffe se développe à partir des racines nouvelles de l’arbre. Nous réduisons et coupons les racines à une profondeur d’environ dix centimètres, ce qui permet de renouveler le système racinaire en formant une structure en toile d’araignée. Cela évite que les truffes ne s’enfoncent trop profondément dans le sol. Chaque année, nous ajoutons du mycorhize pour favoriser le développement des truffes.
L’arrosage est effectué par le dessus, ce qui permet à l’arbre d’absorber l’eau par ses feuilles et aide à prévenir certaines maladies, d’autant que notre production est totalement exempte de pesticides. Nous tondons également l’herbe pour limiter l’acidité du sol. À partir de l’automne, nous taillons les arbres par le dessous pour laisser entrer davantage de lumière, ce qui facilite la récolte.
Une fois mature, la truffe dégage un gaz musqué qui permet au chien truffier de la repérer dans le sol. La truffe est composée à 78 % d’eau et se conserve 12 à 15 jours. Pour prolonger sa disponibilité, les truffes se congèlent très facilement, ce qui nous permet de répondre à une clientèle en dehors de la saison turficole. Cela offre également la possibilité à certains restaurateurs de travailler avec des truffes tout au long de l’année, tout en bénéficiant d’un prix fixe.
- Quels types d’arbres utilisez-vous comme hôtes ?
Nous utilisons principalement des chênes verts et blancs, mais aussi des noisetiers et des pins noirs d’Autriche. Ces derniers permettent de se diversifier et de prévenir d’éventuelles maladies touchant les chênes.
Le charme et le tilleul sont aussi des arbres truffiers.
- Avez-vous remarqué un impact sur la production lié au changement climatique ?
Absolument. Le réchauffement climatique modifie profondément les cultures locales entraînant une mutation des cultures. Par exemple, la lavande, autrefois rare dans la région, est aujourd’hui omniprésente.
Récolte et savoir-faire
- Travaillez-vous avec un chien truffier ?
Oui, nous avons un chien truffier, indispensable pour détecter les truffes matures. Son entraînement consiste à lui apprendre à reconnaître l’odeur spécifique de la truffe, une tâche qui nécessite patience et complicité.
- À quel moment de l’année la récolte est-elle la plus productive ?
La récolte s’étale de novembre à mi-mars, mais les mois de janvier et février sont les plus prolifiques. Cependant, la production varie d’une année à l’autre, et un arbre qui produit beaucoup une année peut ne rien donner l’année suivante. La production est assez aléatoire.
- Quels sont les critères de qualité pour évaluer une truffe ?
Les truffes sont classées en trois catégories :
- Catégorie extra : truffes parfaitement mûres et visuellement impeccables.
- Catégorie 1 : truffes mûres mais moins esthétiques ou parées.
- Catégorie 2 : truffes immatures, petites (8 à 15g) ou légèrement grisâtres.
Commercialisation
- Auprès de qui commercialisez-vous vos truffes ?
Nous travaillons principalement avec des grossistes alimentaires, mais proposons également des visites de notre exploitation pour les particuliers et les professionnels. Le prix des truffes varie chaque semaine selon l’offre et la demande, avec deux marchés de référence.
- Exportez-vous vos truffes à l’international ?
Oui, nos truffes voyagent jusqu’aux États-Unis, au Canada, au Japon, et au Portugal. La truffe noire est mondialement reconnue pour sa qualité exceptionnelle.
Expérience personnelle
- Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans la production de truffes ?
C’est un métier en constante évolution. Nous expérimentons de nouvelles techniques de plantation et de production, et chaque année apporte son lot de défis. De plus, notre activité est rythmée par les saisons : récolte en hiver, préparation des sols au printemps, et ouverture de nouveaux marchés.
Pour conclure, ce témoignage passionnant illustre la richesse et la complexité du métier de trufficulteur. Entre tradition familiale et adaptation aux défis climatiques, cette exploitation incarne à merveille l’excellence française dans le domaine de la truffe. Une chose est sûre : la passion qui anime cette famille se ressent dans chaque truffe récoltée.
Si vous souhaitez en savoir plus, visiter leur exploitation ou découvrir leurs produits, n’hésitez pas à les contacter via leur site : TRUFFE LE DIAMANT NOIR DE LA DROME DES COLLINES
Pour vous en procurer, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre commercial Ducreux ou à nous faire une demande directement via le formulaire de contact.